Ambroise, Rome et Milan (364-395 ap. JC). Naissance de l’Empire romain-chrétien et fin du paganisme politique

Marta Sordi, éminente spécialiste de l’Antiquité, revient dans l’une de ses toutes dernières contributions sur le revirement qu’a connu l’Empire romain au cours les quatre dernières décennies du IVe siècle. Ce revirement a plusieurs dimensions. Il y a d’une part le recentrage sur l’Occident, ce « choix de Valentinien » qui, en prenant Milan pour nouvelle capitale plutôt que Constantinople ou Rome, replace la gestion vertueuse et la défense de l’Empire occidental et de la Gaule au cœur du projet politique impérial après des décennies de déséquilibre au profit de l’Orient. Il y a aussi la transformation d’un Empire dirigé par des monarques chrétiens en un « Empire romain-chrétien », expression que l’auteur emprunte à saint Augustin. Cette étude explore les différents aspects politiques, militaires, institutionnels, religieux, et culturels de cette double transformation. Elle met bien sûr en avant la figure centrale de saint Ambroise, évêque de Milan, mais aussi citoyen romain de la plus ancienne tradition et serviteur de l’Empire, dont la pensée irrigue et oriente, souvent de manière décisive, les grands débats de son temps. L’auteur s’appuie avec une rigueur et une précision remarquable sur les sources majeures de la période : le Code théodosien, les païens Ammien Marcellin et Symmaque, la correspondance et les textes publics de saint Ambroise, les panégyriques impériaux, et les historiens immédiatement postérieurs comme Zosime ou Paul Orose.